Ecole de Dressage de Michel et Catherine Henriquet

École de Dressage de Michel et Catherine Henriquet

Acheter un cheval de dressage.

1 - Quelles races pour le dressage ?

Il existe deux catégories assez distinctes parmi les races de chevaux : les races pures, dont les produits sont issus d'une sélection suffisamment prolongée pour que leur type présente des caractéristiques précises et constantes, et les chevaux demi-sang.

Deux groupes.

Les chevaux de race pure sont inscrits sur des stud-books fermés, c'est-à-dire n'acceptant plus de sujet qui ne soient issus de reproducteurs figurant déjà au studbook. Ces animaux de race noble sont génétiquement purs et améliorateurs de race. Ce sont les pur-sang anglais, arabes, shagyas, anglo-arabes, trakehners, pures races espagnoles et lusitaniens.

Les autres groupes de chevaux, appelés autrefois demi-sang ou sang tiède, proviennent à l'origine (XIXème siècle) des travaux agricoles et ont été améliorés par des reproducteurs de race pure appelés aussi de sang chaud. Ce sont les selle français, hanovriens, westphaliens et bien d'autres allemands, hollandais et scandinaves. D'excellents chevaux, des champions olympiques et du monde de dressage et d'obstacles, sont sortis de toutes ces "ethnies équines", davantage même que des races pures. Leurs origines lourdes leur ont conféré une force athlétique supérieure et un tempérament plus facile à diriger.

Pour débuter.

L'idéal pour débuter une carrière de dressage est certainement un bon cheval ibérique. C'est en observant les gestes naturels de ces chevaux que les premiers maîtres ont créé et sophistiqué les airs classiques voici 500 ans. Leur générosité, leur souplesse et leur tolérance en font des partenaires agréables. La plupart d'entre eux peuvent être conservés entiers. Si l'achat a été judicieux : recherche de la correction des aplombs, de l'ampleur des mouvements et de la force de l'ensemble, rien n'interdit à un bon cavalier de prétendre accéder au plus haut niveau. La souplesse et le rassembler naturel de ces chevaux peuvent compenser certains points faibles. Parmi les types baroques, leurs cousins lipizzans ont des qualités voisines avec des hanches et des articulations plus fortes, mais des caractères plus marqués. Des élevages sérieux de chevaux portugais, espagnols et lipizzans existent en France. Des manifestations équestres brillantes et artistiques où sont présentés des centaines de chevaux de toutes catégories se déroulent, entre autres, à Lisbonne, Golega, Séville et Jerez. L'éventail des prix va, en principe, avec celui de la qualité de 6000 euros à 30 000 euros et plus pour des trois et quatre ans.

Vers la compétition de haut niveau.

Pour répondre aux exigences de la compétition moderne qui impose des amplitudes d'allures paroxysmiques, on peut, après avoir goûté de la flexibilité, du rebond et de l'aptitude au rassembler du cheval ibérique, s'adresser au cheval allemand, hollandais et scandinave. Les Russes élèvent aussi d'excellents chevaux, mais une acquisition dans ces terres demeure une aventure compliquée. Grâce à une remarquable sélection entamée voici quarante ans, l'Europe du Nord produit maintenant des modèles séduisants, puissants, sans lourdeur, à l'équalre et aux allures remarquables. Ces animaux, parfois aussi cotés à l'obstacle qu'en dressage sont disputés dans les ventes publiques par les champions de chaque discipline.

L'achat.

Parmi les chevaux non retenus comme producteurs, mais déjà triés par des spécialistes et dotés d'un dossier vétérinaire complet, il est possible d'essayer lorsqu'ils sont débourrés et d'acquérir d'excellents sujets. Les prix pour des animaux sains sans qualités exceptionnelles vont de 7000 euros à 20000 ou 30000 pour des sujets de bonne qualité. Certains aux allures et à la conformation prometteuses atteindront les 70 000 ou 100 000 euros. Parfois, un cheval de rêve se dispute aux enchères au quintuple, voire davantage.

En France, les autorités de tutelle se sont désintéressées du cheval de dressage, les chances d'en trouver répondant aux qualités indispensables sont faibles. Il en va de même pour les pur-sang anglais plus enclins à s'étendre qu'à se rassembler. Quant aux anglo-arabes, bornons-nous à dire qu'ils ne sont plus ce qu'ils étaient. Actuellement, concourant à haut niveau, il n'existe pratiquement pas de chevaux français en dressage.

Pour prendre votre décision d'achat, entourez-vous des avis les plus autorisés c'est-à-dire de cavaliers ayant fait leurs preuves, d'un vétérinaire expérimenté. Prenez une vidéo du cheval libre et monté, s'il l'est, aux trois allures. Regardez-la plusieurs fois et montrez-la. Trop de mauvais achats compromettent une carrière équestre. La vie active d'un cavalier est brève.

Un choix parmi les Allemands :

"Je ne cacherai pas ma faiblesse pour le cheval trakehner, race d'élite créée au xve par Frédéric Legrand, qui fut et redevient le meilleur cheval de selle du monde. Par sa finesse et sa grâce, son expression artistique peut égaler celle des meilleurs genets d'Espagne. Chaque année ont lieu des concours modèle et allures suivis de ventes au cours desquelles sont effectuées des sélections pour retenir comme étalons agréés les meilleurs modèles. C'est là l'occasion de contempler les plus brillants produits des élevages européens. Parfois, plusieurs centaines de chevaux sont présentés aux jurys devant des millions de spectateurs installés pendant trois jours sur les gradins, passionnés par ces exhibitions où cependant on ne voit que peu de chevaux adultes montés" précise Michel Henriquet.

 

2 - Quel cheval, choisir ?

Le bon choix est la preuve de la compétence du cavalier. Un coup d'œil en arrière nous montre une amélioration constante de la qualité de nos achats au fil des années.

Une question d'objectifs.

Un bon cheval d'école n'est pas forcément cher, doté d'origines célèbres, au moins tant que l'on est dans la période d'étude préalable à la compétition. Il est évident que le beau modèle aux allures brillantes sera toujours un animal de prix, mais son acquisition sera prématurée avant que le cavalier n'ait atteint lui-même le niveau du rassembler, c'est-à-dire quatre à cinq ans d'entraînement. Préparer et dresser un cheval, c'est sept ans d'exercices quotidiens, de soins, d'investissement de soi-même, de déceptions et de petites satisfactions qui relancent chaque fois le jeu. Dans une vie d'écuyer, on ne compte pas beaucoup plus de deux ou trois chevaux réussis, tant sont rares les sujets capables d'aboutir à la gamme complète des airs d'école. On comprend l'importance de l'achat et de l'engagement qu'il représente, l'exercice d'un cheval s'étalant sur un sixième de la vie active de l'homme. Il nous faut six mois pour savoir si un jeune cheval mérite d'être continué, dix-huit pour être à peu près sûr d'atteindre les grands équilibres.

Les critères.

Le caractère doit être gai et confiant. L'inquiétude, légitime chez un jeune cheval dépaysé, ne doit pas pour autant entraîner de grands désordres. Un écart est tolérable s'il n'est pas suivi d'une fuite désordonnée.

Les chevaux froids et mous sont à écarter. Je préfère un jeune cheval un peu chaud, s'il est raisonnable, car une fois évacuée l'inquiétude causée par le cavalier, il faut qu'il demeure toujours très réactif. Il est bon d'observer le cheval au pansage, à la pose de la selle et monté dans différents endroits avant de l'essayer soi-même. Enfin, il faut se renseigner sur les motifs qui font que le cheval est mis sur le marché.

La conformation.

"C'est l'harmonie de l'ensemble qui prime tout", écrivait Decarpentry.

L'articulation de la hanche doit être basse. Cela favorisera l'élasticité des allures par le jeu des postérieurs. L'ischion (pointe de la fesse) doit être long. Il procure un galop oscillant. Les angles du grasset et du jarret ne doivent pas être trop fermés.

Le garrot doit être élevé et prolongé en arrière pour "permettre la tension des muscles quand la croupe s'abaisse" (Decarpentry) ; l'encolure longue, relevée dans le mouvement. Rejeter les encolures renversées ou creuses. Rechercher les épaules longues et obliques. Le bras doit faire un angle droit avec l'épaule. Les coudes ne doivent pas être serrés et les jambes être longues avec des canons courts et des paturons flexibles. Il faut choisir un cheval bâti en montant avec une arrière-main forte ; rejeter le modèle à la croupe plus haute que les épaules. Cet examen doit être complété par une visite vétérinaire avec radios.

Après l'avoir examiné sous tous les angles, il faut le voir au pas derrière et de face, le regarder ensuite aux trois allures en liberté et monté si possible. Le pas, encolure allongée, doit être ample et stable. En engageant ses postérieurs, il se méjuge largement.

Au trot, le geste doit partir des épaules et se développer en ampleur, souplesse et suspension, avec des postérieurs énergiques. Ecartez les postérieurs traînants et les trots rasants.

Le galop doit se détacher du sol avec élasticité. Il doit être souple, uni, cadencé et bien balancé. Rejetez les galops courts, répétés ou rasants.

Les principaux défauts.

Parlons surtout de ceux qui font obstacle au bon dressage du chevaL

Tous ces défauts qui peuvent ne pas impressionner le néophyte, surtout si par ailleurs le cheval est beau, doivent être pris très au sérieux.

C'est parfois au bout de trois ou quatre ans, lorsqu'on aborde les arcanes de l'équilibre rassemblé, qu'apparaîtront les difficultés sérieuses. Un défaut d'aplomb, sans incidence sur les allures de travail, va donner un passage balancé ou une dissociation des diagonaux au piaffer. De mauvaises hanches donneront des pirouettes éteintes et laborieuses. Des antérieurs serrés compromettront les mouvements latéraux et des jarrets pincés des piaffers balancés.

Tous les Maîtres ont connu l'échec avec certains chevaux et l'on cite rarement plus de deux chevaux réussis pour les plus célèbres.

La création du cheval allemand :

Les Jeux olympiques de 1936 ont vu la victoire complète des Allemands dans les trois disciplines, grâce à des chevaux au modèle proche de la perfection. Mais la dernière guerre détruira la quasi-totalité des chevaux de selle. Seuls échapperont les chevaux de ferme lourds et "surdimensionnés" difficiles à monter en légèreté. Ils seront les facteurs d'une altération de l'équitation allemande des quarante dernières années du XXème siècle, ce qui ne les empêchera pas d'occuper les podiums et d'influencer leurs faibles rivaux européens.

Plus tard, l'école germanique ayant reconstitué un type de cheval de plus en plus près de l'idéal, s'imposera au monde équestre par la rigueur de ses bases et l'application méthodique qui la caractérise. Aujourd'hui encore, ces chevaux règnent sur les podiums de dressage. C'est avec un brin d'ironie que l'entraîneur national, W. Schulteiss, me disait en 1975 que "jusqu'en 1940, l'équitation allemande avait formé une chaîne continue et homogène inchangée depuis deux cents ans et basée sur les principes de l'ancienne école française..."